mercredi 30 septembre 2009

Peter Doherty ~ Grace / Wastelands

Tantôt adulé, tantôt descendu par les journalistes, Pete Doherty n'avait jamais vraiment fait l'unanimité à ce jour. Certains lui vouent un culte, d'autres ne veulent pas en entendre parler, Doherty par ci, Doherty par là: il est le musicien le plus médiatisé du moment dans notre petit monde de briques et de rock. Comparé aux grands poètes et icônes rock des temps passés parfois (à tort aussi peut être), tant au niveau de son comportement condamnable mais irrémédiablement surprenant, que son talent, il n'en finit pas de surprendre son petit monde. Combien de fois l'on pût lire ses déboirs alcolisés dont la presse people fût très friante ou ses annulations de concerts à la dernière minute le soir même... Seulement ici, après la dissolution des Libertines avec son ami Carl Baràt (parti entre temps former son propre groupe: The Dirty Pretty Things) et ses aventures de Babyshambles, Doherty, en 2009 avant une probable reformation des Libertines (annonçée pour l'été 2010) et un nouvel album des Babyshambles, se consacre à son premier album solo.
Album par ailleurs très surprenant, même si l'on connaissait son goût très sûr pour l'acoustique, celui ci est d'autant plus affirmé dans ce premier album. Ici, point de guitares saturées brouillones, pas de Pete vociférant, pas de chansons qui déménagent et pas de Libertines somme toute. L'on découvre un Doherty à fleur de peau, doux, créatif et productif. Tout ce qu'il aurait pu être si on ne l'avait pas dévoré.. Charogne de presse.
Je dois l'avouer, moi aussi j'étais sceptique au départ. Je n'aimais pas du tout ce comportement instable. Génial un soir et minable l'autre. Peter (car c'est son véritable prénom) est capable du meilleur comme du pire (un peu à l'image de chacun, la différence est beaucoup plus notable quand on a du talent) et ici, nous avons le meilleur. Avec un artwork signé de sa main très très soigné, le disque se révèle sympathiquement folk et teinté de jazz. Introduit une semaine avant sa sortie par le single Last Of The English Roses (à la consonance assez Gorillaz je dois l'avouer, fait en partie expliqué par la présence à la seconde guitare de Graham Coxon -membre de Blur tout comme Damon Albarn, leader de Gorillaz), chanson assez différente du reste de l'album en vérité (elle contient un beat qu'aucune autre ne possède par exemple), l'album s'en sort relativement bien et est assez varié. On retrouve des chansons folks "basiques" comme I Am The Rain, 1939 Returning ou Arcady, des chansons plus jazzy comme Sweet By & By et son duo piano/fanfare ou Sheepskin Tearaway, une très jolie ballade en duo avec la chanteuse Dot Allison.
Cet album, même si il est relativement court et où les arrangements sont soignés, rien n'est vraiment à jeter. L'on découvre les multiples facettes de ce trentenaire pas tout à fait comme les autres et ma foi c'est bien agréable. Album sans grande prétention, calme, mélodieux et recommandé à tous, sympathisants ou déçus du Peter.
Un album agréable donc, salué par la critique, à écouter en soirée histoire de bien décompresser de ses dures journées. Simple et inspiré, et c'est bien là tout ce qu'on lui demandait.
Verdict: 7,5/10


1. Arcady (2.53)
2. Last Of The English Roses (4.58)
3. 1939 Returning (3.10)
4. A Little Death Around The Eyes (3.31)
5. Salomé (3.14)
6. I Am The Rain (3.14)
7. The Sweet By & By (3.05)
8. Palace Of Bone (4.24)
9. Sheepskins Tearaway (2.43)
10. Broken Love Song (3.44)
11. Now Love Grows On Trees (3.38)
12. Lady Don't Fall Backwards (2.17)
Durée totale: 39 minutes
Line-up:
Peter Doherty
Genre: Jazz/Folk
Label: EMI

vendredi 25 septembre 2009

[A song, a week] Ghinzu ~ Do You Read Me? (2004)

Depuis cet album, ma vision du rock a changé. Ghinzu était apparu au début de la décennie dans notre Belgique frontalière bien aimée et avait alors sorti son deuxième album qui arriva bientôt aux portes de nos disquaires favoris avec une galette plus qu'attrayante (c'est une tendance pour tout ce qui est Made In Belgïe) judicieusement nommé Blow (car oui, ça allait souffler). Non le rock n'était pas à mort à la fin des seventies, et certes l'on vit quelques brides et lueurs de survie ça et là, mais le rock avait trouvé sa succession. On ne comptait plus sur Oasis, Kasabian et toute la clique brit-pop errante mais sur la Belgique. Pourquoi? Deux noms: dEUS et Ghinzu. Et si dEUS réinventait intelligemment à sa façon un rock exceptionnel (dont il ne me tarde de vous en parler), Ghinzu, lui, proposait un rock plus traditionnel, plus neuf et plus efficace.
Si l'on peut cependant lui préférer un autre titre sur Blow c'est bien The Dragster-Wave, monolithe indestructible et perle de l'album, mais il s'agit ici d'explorer et de comprendre l'autre chanson, celle qui fît véritablement décoller le groupe: Do You Read Me.
Si vous écoutiez la radio lors de cet été 2004, vous vous souvenez sûrement de ce single qui révela ce tout jeune groupe belge. Sous ses airs de chien enragé, l'on découvrait l'excellent chanteur John Stargasm, son groupe de fines lames (cf. Ginsu est une marque couteau) et son hit imparable. Avec un riff qui simple qui tient en tête, la chanson n'eût pas beaucoup de peine à se tailler une très bonne place dans les hits-parade (comme on les appelait autrefois) au vu de la maigre résistance du cru "rock" 2004.
Terriblement efficace, elle n'a cependant pas bouleversé notre époque, l'album reste très bon, et c'est pourquoi je vous invite à aller l'écouter, ce renouveau du rock.
Do You Read Me?
Durée: 4.17
Album: Blow (2004)
Compositeur: Ghinzu
Genre: Rock

dimanche 20 septembre 2009

Dossier ambitieux n°2: I Love You Live

-Lives incontournables Part. 1-
Bienvenue dans ce second dossier -ambitieux- consacré cette fois aux lives incontournables de ces quarantes dernières années. Il se peut que certains de vos lives préférés n'apparaissent pas dans cet article, et pour cause ce n'est qu'un fragment d'un long travail encore jamais véritablement entrepri à l'heure où j'écris ces quelques lignes. Je ne sais encore combien de parties constitueront ce dossier, ni combien de courageux chroniqueurs s'atteleront à la tâche, mais le résultat sera là: la crème du live en un dossier.
Chaque disque sera détaillé par son chroniqueur, classé dans l'article selon sa date d'enregistrement (et non de publication -exception faite des lives best-of enregistrés sur plusieurs années).


MC5 ~ Kick Out The Jams (1969)
Ce soir là, les Motor City Five jouaient à domicile, et autant prévenir les oreilles sensibles: ça s'entend. Ce premier album -live- des MC5 fût enregistré au Grande Ballroom de Detroit le 30 et 31 octobre 1968, intitulé poétiquement -et en adécoation parfaite avec le contenu- Kick Out The Jams et sorti quelques temps avant que le groupe ne prenne un tournant décisif dans sa carrière. Souvent considéré comme un précurseur du punk et du hard rock (les Stooges -également originaire de Detroit- les considéraient comme leurs grands frères), là où les MC5 passaient, plus grand chose ne subsistait. La preuve ici avec ce live, une ambiance de folie dès que le disque commence à tourner. Ouvert sur un discours galvanisateur et électrique de Rob Tyner (chanteur), la machine MC5 est lancée pour un concert enflammé dans une salle qu'il avait déjà conquis. Outre des brûlots comme Ramblin' Rose, la chanson-titre ou des Motor City Is Burning (une cover remaniée du titre de John Lee Hooker en hommage aux émeutes qui eurent lieu quelques années auparavant), il règne dans ce live l'ambiance véritable du rock n' roll soutenu par ce son crade et brouillon propre aux perfommances du Five. Multipliant les provocations, le groupe était bien connu des services de police (et ce n'était pas rare qu'ils leur rendent une petite visite en plein concert pour arrêter les frais) mais insistait pour remettre le couvert chaque semaine au Grande Ballroom accompagné de leur célèbre manager et guide John Sinclair, icône de la contre-culture de Detroit (John Lennon écrira une chanson à son nom pour lui d'ailleurs) lui aussi connu des messieurs de l'ordre pour des histoires pas très nettes. Teinté d'une pointe de free jazz issue des quartiers populaires noirs de Detroit, d'un brin de psychédélisme (consommation oblige) et d'une prestation sans faille, le MC5, cette annee là, plus énergique tu meurs, livrait ici, à travers ce live, une pierre angulaire du monde du rock.
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Pink Floyd ~ Ummagumma (Live Album) (1969)
Attention, le live chroniqué qui va suivre est psychédélique.
Il fût difficile de déceler cette petite pépite cachée dans un coffret cartonné vert émeraude. Seule véritable trace live (officielle) du Floyd pendant son escapade psychédélique, le second disque du coffret UG² constitue peut être mon live préféré du Floyd. Après s'être séparé de leur leader (Syd Barrett) incapable de véritablement reconstruire ce qu'il avait créé, le Pink enregistre son premier véritable album à quatre (Gilmour à la guitare, Waters à la basse et au chant, Wright aux claviers et Mason à la batterie). Si le disque studio est assez peu accessible car très psychédélique et montre un Floyd affranchi de toute contrainte, le disque live, enregistré à Birmingham et à Manchester le 27 avril et le 2 mai 1969 expose en quatre titres, un groupe des plus inspirés. Quatre titres, c'est peu me direz-vous (et trop peu au vu de la qualité de l'album), mais c'est assez pour prouver que le Floyd à quatre marche et pas des moindres. Ce disque propose avec 2 titres issus de leur album précédent (1968: A Saucerful Of Secrets) à savoir Set The Controls For The Heart Of The Sun et la chanson titre, un titre de leur premier album -l'excellent Astronomy Domine- et un inédit (que l'on retrouvera dans la compilation Relics et qui est une face B d'un single): Careful With That Axe, Eugene, des versions rallongées et improvisées de ces chansons déjà exceptionnelles à la base. Elles sont toutes vraiment excellentes, et le seul défaut que l'on pourrait faire à ce live c'est la qualité du son qui n'est pas terrible (le son des instruments grésille parfois, mais le plus flagrant c'est le son du public -ignoble). Malgré tout, celà reste un disque de très bonne qualité de par la prestance du groupe et pièce indispensable pour les fans du Floyd.
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Crosby, Stills, Nash & Young ~ 4 Way Street (1970)
Sorti un an après son enregistrement durant trois concert dans trois salles différentes (entre Los Angeles, New York et Chicago), ce double disque (ou quadruple vinyl) nous offre la plus belle brochette de songwriters américains sous deux ciels différents. Le premier (correspondant au premier disque) est une longue partie acoustique où se succède les quatres artistes (Graham Nash, David Crosby, Stephen Stills et mon petit préféré: Neil Young) qui interprètent chacun une ou plusieurs de leurs compositions. Les compositions de Young et Nash sont particulièrement réussie (entre le piano de Chicago, la présence de Young sur ses titres -Cowgirl In The Sand ou Don't Let It Bring You Down) et petit plus de la remasterisation de ce live fantastique: quelques pistes bonus pour le set acoustique dont l'énorme Black Queen de Stephen Stills et le premier disque se clôture sur un medley des plus réussis du Loner. Le second quant à lui inaugure la deuxième face du live: le set électrique. Ce second disque est marqué par les deux longues et très bonnes improvisations de Southern Man (Young) et Carry On (Stills) où les solos s'entremêlent et laissent pantois l'auditeur. On notera également la chanson Ohio qui fût composée par Neil Young le jour même de son enregistrement et qui traite d'une manifestation étudiante qui a tournée au drâme lorsque des soldats ont tués 4 étudiants. L'on peut retrouver Ohio sur l'album Live At Massey Hall (des Archives du Loner) et So Far (un album de CSNY) et elle fût également la première chanson engagée de Neil Young.
Un album pour découvrir et/ou apprécier un super-groupe en live, au meilleur de sa forme. Que demander de plus?
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Cactus ~ 'Ot 'N' Sweaty (1972)
Largement méconnu du grand public, Cactus fît en son temps des ravages. A l'aube de l'enregistrement de leur quatrième et dernier album, le groupe perd pourtant la moitié de son line-up (en effet Jim McCarty [guitariste] et Rusty Day [chanteur], après trois albums quittent le groupe) et a embauché trois nouveaux musiciens pour essayer de combler le vide causé par ces départs qui signaient déjà la mort prochaine du groupe. Trois nouveaux musiciens? Oui, mais lesquels? L'on retrouve Duane Hitchings au piano, Werner Fritzsching à la guitare et l'âme même de ce Cactus version 1.2: Peter French au chant. Desservant un boogie rock consolidant les bases d'un hard rock péchu et créant l'alchimie parfaite, ce live ne comprend malheureusement que trois titres!!! Et oui, juste une face (une face live et une seconde studio -bien inégale).. Mais accordons lui cependant que la face live, vaut la majorité des faces lives jamais sorties, rien que ça. Car oui. Ni Led Zeppelin, ni les Stones, ni Canned Heat ou que sais-je encore, n'attendra ce rock là. Enregistré lors d'un festival à Porto Rico, le groupe entame sa courte set-list sur un Swim survolté à l'image des 20 prochaines minutes. Présenté comme un long medley, les chansons découlent les unes des autres avec un naturel déconcertant, une force, une hargne inouïe. Peter French assure comme personne au chant et l'instrumentation lui assure un soutien du feu de dieu. Bad Mother Boogie, je vous le concède, est un boogie puissant avec d'énormes solos et Our Lil' Rock n' Roll Thing vient clôturer la face live en reprenant les standards de rock n' roll à la sauce Cactus. Inoubliable.
Vous qui pensiez avoir tout vu, tout écouté, venez jetter un coup d'oeil (ou plutôt d'oreille) sur ce live et rappellez moi qui sont les meilleurs? Cactus bien sûr.
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Deep Purple ~ Made In Japan (1972)
Enregistré en trois dates au Japon (15-16 et 17 Août à Osaka et à Tokyo), Made In Japan est considéré comme l'un des lives majeurs de l'histoire du rock au même titre qu'un Live At Leeds (Made In Who) ou qu'un Get Yer Ya-Ya's Out (Made In Pierres Qui Roulent) en raison de sa qualité globale très bonne. Et pour cause, Deep Purple, faut-il encore le rappeler, est avec Black Sabbath et Led Zeppelin, un groupe fondateur du hard rock à l'anglaise et c'est notamment fait connaitre grâce à ses albums successifs In Rock et Machine Head (dont les trois concerts dont il est question aujourd'hui sont enregistrés pendant la tournée promotionnelle) et grâce à son hit imparable que tout le monde connait: Smoke On The Water. Mais avant de parler de chanson, entendue plus de 1500 fois dans sa vie, il faut écouter ce live. Car oui, on l'oublie bien trop souvent, l'on réduit Deep Purple à ce simple titre (efficace et bon certes mais pas le meilleur pour autant) et l'on oublie que Deep Purple est un excellent groupe de hard-rock comme l'atteste ce live impressionnant. Plongeon direct avec un Highway Star très énergique puis une version monumentale de Child In Time et enfin terminer sur un Smoke On The Water assaisoné d'improvisations géniales (comme c'est la tendance partout sur ce disque). L'on n'oubliera pas le drum solo de The Mule, l'excellent Lazy ou Space Truckin'. Avec la version remasterisée de 98, un second disque apparait avec les rappels effectués pendant ces trois concerts (Black Night, Lucille et le très bon Speed King qui est, je dois l'avouer un peu faiblard ici). De toutes manières, il en résulte un live exceptionnel, vous l'aurez compris, d'un groupe qui, en âge d'or, l'est tout autant.

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Keith Jarrett ~ The Köln Concert (1975)
Ah oui, je vous vois venir avec vos yeux écarquillés. Oui je possède ce disque et oui il a tout à fait sa place ici. Keith Jarrett, il faut le reconnaître, est l'un des meilleurs pianistes de ce siècle (mais Richter reste cependant sauf et intouchable du haut de son nuage), et ce disque en est la preuve. Enregistré lors d'un concert à l'opéra de Cologne le 24 janvier 1975, The Köln Concert est une des plus grosses ventes de disque de jazz et la plus grosse vente de disque de piano seul, et à juste titre car oui, pendant l'heure à venir, Keith Jarrett est seul avec son piano. C'est pour lui l'occasion de montrer combien il fait corps et âme avec son instrument (il tape du pied, crit d'extase parfois même) lors d'une longue improvisation découpées en deux parties (la première, intitulée dans un éclair de génie Part I et je vous laisse deviner le nom de la seconde). Durant plus d'une heure donc, Sir Jarrett nous livre un spectacle intense, d'une grande qualité et criant de génie qui saura contenter les amateurs de grande musique, de jazz, d'improvisations, de piano et tout mélomane qui se respecte tout simplement.
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Bruce Springsteen & The E-Street Band ~ Hammersmith Odeon, London '75 (1975)
Autant être clair tout de suite, tous les manuels d'histoire se sont trompés, le véritable débarquement américain eut lieu non pas en 1944 mais bien en 1975. Car oui, en cette belle année (où l'on enterra Mike Brant d'ailleurs), le Boss débarquait avec sa bande d'affreux pour la première fois sur le vieux continent et plus précisément à Londres pour ce premier concert immortalisé sur ces deux galettes. Dès les premières secondes de Thunder Road l'on découvre l'excitation si particulière à ce live tant du côté du public (l'on rappelle que Springsteen venait alors juste de sortir son coup de maitre: Born To Run) mais surtout celle des musiciens qui n'hésitent pas à envoyer la sauce lors de longues improvisations (E Street Shuffle, Kitty's Back et l'ensemble du disque 2).
L'on retrouve quelques titres qui ont fait la renommée du Boss à travers les années (Born To Run ou notamment Thunder Road qui reçoit un traitement de faveur dans une version exceptionnellement supérieure à sa version studio et est tout simplement sublime) mais aussi des très bonnes versions de Lost In The Flood, It's Hard To Be A Saint In The City ou encore Rosalita.
En bref, un live d'une très belle qualité, un Boss et son E Street Band chauffé à blanc pour l'occasion et une pêche que l'on lui reconnait volontiers à lui seul, encore aujourd'hui.
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The Doors ~ In Concert (1991)
Qu'on ne s'y trompe pas, In Concert n'est pas un live posthume inédit des Doors. Non, In Concert est un "best-of live" de plusieurs concerts (principalement ceux du Los Angeles Hollywood Bowl de 68, Los Angeles Aquarius Theater de 69, New York Felt Forum de 70) et constitue donc un best of de disques de ces concerts déjà sortis (Absolutely Live, Alive She Cried ou encore Live At The Hollywood Bowl). Nous découvrons donc à travers ce live, deux belles galettes d'un Doors en pleine forme (preuve à l'appui: le medley Alabama Song/Back Door Man/Five To One/Love Hides) et des chansons vraiment intenses (The End bien sûr ou quelques Light My Fire ou When The Music's Over qui se voient rallongés d'improvisations réussies). Au menu donc de ces deux heures et vingt minutes de Doors en live alive, des versions dantesques de The End, When The Music's Over et Light My Fire je le disais, deux medley explosifs (Alabama Song/Back Door Man/Five To One/Love Hides et Dead Cats, Dead Rats/Break On Through), des pistes qui ont fait leur renomée (Roadhouse Blues de Morrison Hotel, Gloria de Van Morrison, Love Me Two Times, Soul Kitchen) et des petits bonus qui font réellement plaisir (l'excellent Who Do You Love, le bluesy Little Red Rooster avec John Sebastian à l'harmonica et The Celebration Of The Lizard -trouvable dans les bonus de la réédition cd de Waiting For The Sun). Ce live est donc une très bonne occasion de découvrir ce groupe californien mythique en live pour un prix moindre et de compléter sa discographie déjà bien fournie de ce groupe prolifique.
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Metallica ~ Live Shit: Binge & Purge (1993)
Ultime et triste testament, le Live Shit reste la seule copie officielle des Four Horsemen en live (oui chez moi S&M compte pour du beurre, je ne veux pas y croire) et elle me semble avoir sa place ici car même si je vomis sans vergogne et systématiquement sur tout ce qui dépasse 1990 en provenance des Mets, je dois reconnaître -non pas sans mal- que ce live en a là où il faut. Je dois noter, tout de même pour équilibrer la balance au moment du jugement dernier -ci-contre- et me sentir tout à fait bien et honnête envers mes convictions, que la voix de James a déjà viré dans le côté obscur de la farce mais, qu'il y a ici une immense compensation à cette perte: la présence du Jason Newsted (alias Newkid) à la basse (puisque c'est son rôle depuis And Justice For All) mais également et SURTOUT au chant (Creeping Death, Whiplash, ..)! Véritable bénédiction donc, ajoutant puissance, rage et agressivité (que Hetfield a semblerait-il perdu, lui) dans les chansons où il apparait, Newsted marque là, une de ses plus belles perfommances. Enregistré à Mexico (pour la version disque, car il existe une version DVD et VHS qui rajoute les concerts de San Diego et Seattle) en 5 dates, la faiblesse de ce live -qui m'attirera le courroux de la quasi majorité des fans de Metallica- est que la set-list de ce live n'est pas -et loin de là- exemplaire (pas mal de chansons du Black Album -normal puisqu'il s'agit d'une tournée pour sa promotion- et très peu de Ride The Lightning ou Kill 'em All, adieu bon vieux thrash old-school qui forgea ta réputation). Néanmoins, si l'on procède à une sélection "best-of" de ce live, vous trouverez là tous les ingrédients nécessaires à l'obtention d'un sujet parfaitement maîtrisé, peu importe la chanson et c'est là ce qui fît, fût un temps fort éloigné, la force d'un membre du Big Four. ____________________

The Cinematic Orchestra
~ Live At The Royal Albert Hall (2007)
L'on termine cette première série par un groupe peu connu et un live qui est passé presque inaperçu dans le monde. Sorti sur le petit label indépendant mais ô combien génial à savoir Ninja Tune (qui emploie The Herbaliser et Kid Koala entre autres), The Cinematic Orchestra, groupuscule d'origine britannique sort ici un live enregistré dans la prestigieuse salle londonienne du Royal Albert Hall (souvenez-vous de tous les grands de ce monde: Hendrix, Led Zepp, le Floyd, les Stones, les Fab Four ou encore les Who..). Livrant comme à son habitude un jazz tout en finesse et ô combien magique, l'ensemble du disque est planant et délicieux. Mention très spéciales pour les titres To Build A Home (dans une version à la guitare et non au piano comme l'était l'originale, chantée par Greg Reverend) et les instrumentaux Flute et Ode To The Big Sea et le poignant Breathe chanté par Heidi Vogel. L'ensemble des chansons de la set-list du live sont tirées de leur dernier album sorti en 2007 (Ma Fleur) et rien n'est à jeter. Album planant je le disais, une excellente découverte en perspective donc.

C'est donc ici que se termine ce premier volet de I Love You Live et ce second dossier. Une suite apparaîtra si vous me laissez le temps de la rédiger avec une nouvelle sélection toute époque/tout style de lives essentiels. A bientôt! ;)

Machine Head ~ The Blackening

Pour moi comme beaucoup d'autres sans doute, il y eut un "avant" et un "après" concert de Machine Head. A l'époque de la sortie de cet album, le groupe passait dans ma ville pour sa tournée promotionelle et pour faire vite et simple, ce fût la claque de ma vie. C'est dire si cet album je l'ai aimé. On y retrouvait toute la puissance et la rage du groupe qui remuait sans vergogne les salles de fond en comble tous les soirs. Une forme olympienne et une présence à toute épreuve ont fait de ce groupe l'un des plus appréciés de la scène métal actuelle. Mais revenons d'abord sur un bref historique du groupe: créé en 1992 par Robb Flynn le groupe connut un succès presque immédiat grâce à des premières parties aux côtés de Slayer et des performances sur les gros festivals de l'époque (Monster Of Rock ou encore au Dynamo Open Air). Ce succès retomba au début des années 2000 et après quelques déboirs il signe avec Roadrunner Records (cf. un gros label de métalleux) et sortit en 2003 un album qui remit le groupe sur les routes (Through The Ashes Of Empires). C'est en mars 2007 que le groupe lui donna une -excellente- suite que nous découvrons ensemble aujourd'hui: The Blackening.
Prenant une formule assez particulière dans le monde du métal (encore que?) le groupe balance la sauce avec des longues chansons complexes (que l'on pourrait presque qualifier de progressives à cause de cette longueur et compléxité). L'on retrouve donc un thrash métal violent, très soigné au niveau du son et de la production, guitares grasses et à la fois incisives, une batterie colossale tenue par la "pieuvre" aka Dave McClain et une basse assez présente (Now I Lay Thee Down) mais qui finit complétement noyée pour le peu que les guitares commencent à ronronner.
L'album se découpe en 8 chansons (comme à la bonne vieille époque!!) et tient sa durée d'une heure grâce à deux chansons qui dépassent les 10 minutes et deux autres qui dépassent les 9 minutes. On retrouve des rythmiques lourdes qui sont chères au thrash métal mais aussi des passages beaucoup plus calmes (une interlude dans Clenching The Fists Of Dissent ou l'intro de Farewell To ArmsFlynn arrête de rugir et chante d'une voix très douce et délicieuse) faisant parfois intervenir une guitare accoustique (l'intro cultissimement géniale de Clenching). Les solos sont également à l'honneur et l'on retiendra particulièrement ceux de Farewell To Arms ou le duel Demmel/Flynn d'Aesthetics Of Hate (qui démonte tout) mais le grand grand moment de cette galette c'est sans aucun doute la fin de Halo, que je vous laisse découvrir par vous même. Une réédition est sortie l'année dernière et voyait rajouter à la galette originale deux disques (un exclusivement de reprises ou d'anciens titres et un DVD live + une cover de Metallica sur le disque original), ce qui peut constituer un très bon point de départ pour les quelques intéressés.
En bref, ce disque est une boucherie sans nom, que l'on a qualifié sans rougir de album thrash de la décennie à venir (2000-2010) et qui a remporté, il semblerait, la palme haut la main. Machine Head est l'un de ces rares groupes que je qualifierai comme du bon vin: il se bonnifie avec le temps. Car oui, l'évolution est là, tout est passé dans une dimension supérieur, réalisation sonore impeccable et artwork réussi, tout est au rendez-vous. Tout y compris, et surtout, la qualité: The Blackening est une réussite totale. Aaah.. Si quelques uns pouvaient en prendre de la graine..
Verdict: 8/10


1. Clenching The Fists Of Dissent (10.36)
2. Beautiful Mourning (4.46)
3. Aesthetics Of Hate (6.30)
4. Now I Lay Thee Down (5.34)
5. Slanderous (5.16)
6. Halo (9.03)
7. Wolves (9.01)
8. A Farewell To Arms (10.15)
Durée totale: 61 minutes
Line-up:
Robert Flynn (Guitare et chant)
Phil Demmel (Guitare)
Adam Duce (Basse et choeurs)
Dave McClain (Batterie)
Genre: Thrash Métal
Label: Roadrunner Records
Date de sortie: 26 Mars 2007

samedi 19 septembre 2009

Back To Black n°2 ► Pacific Blue Ocean (1977)

Le vilain petit canard des Beach Boys, c'était lui. Assez méconnu dans le monde de la musique hors de sa place de batteur du célèbre groupe old pop wave (ce terme est un néologisme) qu'il dirigea à partir de 74 avant le retour de son leader de frère (Brian Wilson), il ne reste de lui aujourd'hui qu'une seule véritable trace de son talent (j'entends par là, hors des garçons de la plage). Cette trace, c'est celle que nous allons suivre aujourd'hui avec cet album ressorti l'année dernière dans une édition legacy (limitée) comprenant les Caribu Sessions de Bambu (son second album qu'il ne terminera jamais) et qui est ma foi, une bonne occasion de découvrir ce compositeur de talent.Seul véritable surfeur du groupe (ce qui est un comble pour ce groupe qui a "surfé" sur les vagues du succès grâce à ce sport), Dennis fût intégré au groupe selon la volonté de sa mère qui ne voulait pas que ses frères le délaissent. Dennis avait mauvaise réputation, jeune, il était plutôt bagarreur et il était également connu pour abuser beaucoup de l'alcool et des drogues se livrant parfois à des prestations alors qu'il était ivre mort. C'est à cause d'une blessure que Dennis est écarté de son poste habituel (la batterie où il n'excelle guère) pour venir prêter main forte à ses frangins (rappelons de suite, pour les plus jeunes, que les Beach Boys sont un groupe composé par 3 frères -Brian, Dennis et Carl Wilson- leur cousin -Mike Love- et un ami -Bruce Johnston) que Dennis se révela être un chanteur atypique et un excellent compositeur. C'est tout naturellement, n'ayant pas la place qu'il aurait pû avoir dans le groupe, que Dennis entame alors en parallèle une carrière solo en 1969 même si il ne sortira rien de vraiment concret hormis quelques singles (Sound of Free et sa B-Side: Lady). Il faudra attendre 1977 pour qu'il sorte son premier (et dernier) opus: Pacific Blue Ocean, opus qui reprendra une chanson enregistrée au début de sa carrière solo (River Song date de 70 par exemple) et le reste en 1976.
Si Pacific Blue Ocean est encore connu aujourd'hui c'est surtout grâce à la qualité des compositions qui le constitue. En effet, la critique -encore aujourd'hui- s'accorde à dire que Dennis Wilson, le frère oublié des Beach Boys était un très bon et très sensible compositeur. Chose qu'il prouve ici: amateurs de mélodie, arrêtez vous ici sur ces quelques lignes et courrez écouter l'album pour vous faire vôtre propre idée. Outre les très belles chansons qui remuent un peu dans l'album, touchant à la soul et au jazz (Dreamer, What's Wrong ou encore River Song qui ouvre l'album), impression appuyée par la présence de cuivres, l'on retiendra les mélodies douces et somptueuses de Thoughts Of You où la voix cassé et bluesy de Dennis nous susurre qu'il l'aime encore et encore. Finement arrangée entre piano et nappes de cordes, la mélancolie des chansons d'amour perdu s'installe et se déclare maitresse de cet album grâce aux autres ballades langoureuses Time, Farewell My Friend ou End Of The Show.
La réédition de juin 2008, je le disais, comprend donc son second album inachevé Bambu (avec quand même 17 titres) ainsi que 4 pistes bonus pour Pacific Blue Ocean ce qui fait passer la durée totale du disque de 37 minutes à .. 113 minutes, ce qui n'est pas négligeable si l'on apprécie le bonhomme et ses compositions douces et mélodieuses.
C'est donc une bonne pioche, un bon album, peut être un peu trop court étant donné la qualité des chansons ("erreur" corrigée avec l'édition Legacy), album très calme et bon tout simplement. Une excellente occasion de découvrir ce chanteur de talent méconnu en somme.
Ci-contre quelques liens si vous voulez achetez l'album, écouter quelques titres et vous renseignez sur le monsieur, je vous laisse l'adresse de sa bio (assez succinte sur Wikipedia FR et plus fournie sur l'US pour les anglophones). Bonne découverte et à bientôt pour un nouveau volet de Back To Black! ;)Biographie sur Wikipedia FR et US, achetez l'album sur Amazon et Thougths Of You et Dreamer sur Youtube.

vendredi 4 septembre 2009

[A song, a week] The Doors ~ The End (1967)

La fin mes amis, la fin. Chanson emblématique du groupe californien figurant sur leur premier album, The End a sû avec le temps s'imposer comme un hit intemporel. Outre sa célèbre apparatition dans le film de guerre de Francis Ford Coppola "Apocalypse Now" pour son intro chaotique, ce fût une des chansons les plus controversées des Doors notamment pour son fameux passage à la fin inaudible ("Father -Yes Son? I want to kill you.. Mother.. I want to....aaaah" comprendre "fuck you"). Avec ses quelques 11 minutes (chose assez rare pour l'époque rappelons-le), elle contraste avec le reste de l'album (excepté Light My Fire peut être) et laisse place à des longues improvisations psychédéliques entre la guitare et les arpèges de Robby Krieger, les nappes de claviers de Ray Manzarek et les percussions omniprésentes de John Densmore.
Nous parlions de controverses, car c'est également ce passage qui fût la cause de leur renvoi du Whisky A Go-Go (salle de Los Angeles dans laquelle ils avaient l'habitude de jouer à leurs débuts), passage qui fait inévitablement référence au complexe d'Oedipe et qui n'apparait évidemment pas dans la version éditée et diffusée sur les radios à l'époque.
La chanson en elle même, paradoxale (calme et à la fois brûlante), entame un très long crescendo qui se termine à une minute et 20 secondes de la fin. Si la version radio edit est complétement dénuée de sens, les versions live, elles, s'en tirent globalement très bien (selon les lives et la forme du Morrison bien entendu) même si elles ne restituent pas vraiment l'ambiance très glauque de la version studio, les versions live donnent une idée des prestations de l'époque des Doors (Morrison faisant le pitre et jouant avec le public par exemple). On y reconnait cependant, dans l'une ou l'autre, tout le génie et toute la puissance de la voix de Morrison qui fît de cette chanson un hit sombre en puissance.
Je vous conseille donc la célibrissime et culte version studio mais aussi les excellentes versions lives (notamment celle du Los Angeles Hollywood Bowl du 5 juillet 68 qui est présente sur le best of live In Concert -chroniqué ici) ou celle de Toronto.
The End
Durée: 11.35
Album: The Doors (1967)
Compositeur: The Doors
Genre: Rock psychédélique
Lien pour voir l'intro de Apocalypse Now
Lien pour écouter la première partie de The End au Hollywood Bowl
Lien pour écouter la version de The End à Toronto (Part 1 et 2)
Lien vers les paroles de la chanson sur Ados.fr